Conseiller d’État honoraire, ancien ministre de la Fonction publique, Anicet Le Pors analyse les dernières déclarations du président de la République sur l’État-providence. Et dit combien il croit dans le service public pour notre siècle.
Le président Macron dans ses récents discours place l’État-providence et les services publics comme le meilleur rempart contre les effets de la crise sanitaire : s’agit-il d’un tournant ?
Anicet Le Pors : Je ne crois pas du tout, ici, à la sincérité du président de la République, ni qu’il s’agisse dans son esprit d’un tournant. Il prend simplement en compte l’état actuel de l’opinion publique favorable à celles et ceux qui – dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la recherche et bien d’autres encore – incarnent des services publics qui répondent aux besoins vitaux de la Nation. Rappelons-nous Nicolas Sarkozy : il prétendait en 2007 réduire le champ du statut général des fonctionnaires par des contrats de droit privé négociés de gré à gré, avant d’être contraint de reculer par la crise financière de 2008 et d’abonder dans le sens de
l’opinion publique qui voyait bien en quoi la France bénéficiait avec un service public étendu, d’un véritable « amortisseur social » de la crise. Aujourd’hui bis repetita. Au delà de la posture, Emmanuel Macron se garde bien de revenir sur les atteintes qu’il a portées aux services publics et aux statuts de ses agents depuis le début de son quinquennat.
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