Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle ; pour une école démocratique et émancipatrice
vendredi 14 avril 2017, par Garncarzyk
Madame, Messieurs les candidat-e-s à l’élection présidentielle
Le Politique élabore une école à l’image de la société qu’Il souhaite. Le snU.pden-FSU vous adresse à vous candidat-e-s attaché-e-s aux valeurs républicaines, quelques éléments d’analyse et propositions sur le système éducatif, analyses et propositions qui intègrent le positionnement de notre corps de métier, les personnels de direction de l’Éducation Nationale.
Nous n’adressons pas cette lettre ouverte au Front National, considérant que son programme remet en cause les valeurs de la République et de la démocratie.
Au-delà des programmes que chacun d’entre vous avez publiés, votre retour sur nos positions et propositions constituera en cette période électorale un éclairage supplémentaire pour chacun d’entre nous.
Le snU.pden-FSU regroupe des personnels de direction attachés
au Service Public de l’Éducation Nationale et à ses valeurs constitutives,
à des établissements publics locaux d’enseignement intégrés au Ministère de l’Éducation Nationale ou au Ministère de l’Agriculture pour ceux qui y sont aujourd’hui rattachés ;
au statut de fonctionnaire d’État pour les personnels assumant les missions de direction, d’enseignement, d’éducation et d’administration ;
à la fonction publique de carrière.
Le dernier quinquennat a été marqué pour le second degré d’enseignement, par certaines évolutions positives mais bien souvent inabouties ou dévoyées.
Cela a été le cas pour la réforme du collège et la non remise en cause, après une réelle évaluation, de la réforme des lycées, autre preuve d’une démarche inaboutie. Des finalités inscrites dans la loi d’orientation correspondent à nos convictions profondes : l’affirmation du principe que tous les jeunes peuvent réussir à l’école ; de la nécessité d’une mise en cohérence des programmes, des modalités d’évaluation et des examens ; d’une scolarité obligatoire qui vise l’insertion sociale et professionnelle mais également la formation d’un citoyen cultivé et critique. Nous ne pouvons que constater que la réforme du collège mise en place ne permet pas d’atteindre ces objectifs et que sa mise en œuvre a été réalisée dans des conditions inacceptables, même en prenant en compte la contrainte du temps politique imposée par le quinquennat.
Quant à la réforme du lycée du quinquennat Sarkozy, aucune réelle remise en question.
Le snU.pden-FSU considère que la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans constitue, pour la formation de la jeunesse d’aujourd’hui et les évolutions nécessaires de notre système de formation, une condition première pour une réelle démocratisation de notre système de formation initiale. L’abandon de l’orientation systématique vers des lycées spécialisés pour développer plus de lycées polyvalents, regroupant des jeunes inscrits dans différentes formations, évitant des cloisonnements sclérosants, doit constituer la plaque tournante d’un nouveau lycée pour la réussite de tous. La réforme du collège doit être repensée pour réellement permettre à chaque élève d’acquérir la culture, les connaissances et les compétences indispensables à tout citoyen éclairé, à tout futur étudiant et travailleur.
Nous considérons que la formation des enseignants est restée inaboutie. Elle est reconnue et mise en œuvre au sein des ESPE. Ceci constitue une avancée essentielle. Mais les conditions dans lesquelles elle y est développée, tant pour les étudiants, les enseignants stagiaires que pour les personnels qui y exercent, demeurent insatisfaisantes.
Le snU.pden-FSU exige que les moyens nécessaires soient dégagés pour permettre aux futurs enseignants en formation d’aborder le métier dans des conditions attractives, ce qui nécessite notamment un véritable pré recrutement, et des conditions de mise en stage qui facilitent les premiers contacts en responsabilité avec la classe dans une perspective d’acquisition progressive de compétences.
Si des postes ont été créés, après des années de suppression massive, leur nombre a été insuffisant pour ressentir dans le quotidien de la classe ses effets. Ceci s’explique par l’absorption d’un grand nombre de créations par le retour de la formation des enseignants et les fonctions de remplacement. Les personnels de direction eux ont cruellement ressenti l’absence de création de postes administratifs, voire leur suppression par des regroupements de services, des mutualisations qui ont alourdi nos tâches quotidiennes et, de fait, amoindri la qualité de service rendu aux usagers.
Le snU.pden-FSU affirme la nécessité de poursuivre et d’amplifier les créations de postes au sein de l’Éducation Nationale, non seulement pour les fonctions d’enseignement, mais également pour les fonctions de direction, d’éducation et d’administration. Seuls des personnels formés et en nombre suffisant permettront de réellement améliorer nos conditions de travail.
La réaffirmation de la carte scolaire et des bénéfices des différentes formes de mixité a été un des points positifs de ce quinquennat. Mais dans ce champ également les limites ont été posées, notamment par l’absence d’action forte sur le public privé sous contrat et de contrôle drastique de l’enseignement hors contrat. Le refus de nombreuses collectivités de retravailler une carte scolaire pour faciliter la mixité, le désengagement de l’État de la politique de la ville empêchant une plus grande mixité dans les quartiers dans lesquels elle est absente vont à l’encontre de l’atteinte des objectifs généraux affirmés.
Le snU.pden-FSU affirme son attachement à la sectorisation. La mixité ne se décrète pas, elle sera obtenue par une politique de la ville sur le long terme, par des moyens dégagés pour permettre l’attractivité de certains secteurs ou d’établissements, par l’évolution de lycées vers des lycées polyvalents, par la réorganisation des transports scolaires lorsque cela sera nécessaire… Autant d’éléments qui doivent être portés par une forte volonté politique. Une réflexion sur l’enseignement privé doit être conduite. La sectorisation de ces établissements, l’application stricte des règles d’ouverture de section pour le privé sous contrat, le contrôle rigoureux du secteur hors contrat et de leur conformité aux valeurs de la République sont autant de conditions nécessaires à l’obtention d’une évolution structurelle pour plus de mixité et d’égalité pour l’ensemble des territoires et des établissements.
Le quinquennat n’a aucunement remis en cause le mode de gestion managérial dans le cadre du nouveau management public. Lors de nos premières rencontres avec le Ministère en 2012, nous avions proposé que la part Résultats de l’I.F.R.R. qui n’en était qu’à ses prémices pour sa mise en œuvre, soit réintégrée aux parts Fonction et Responsabilité. Ceci aurait montré la volonté ministérielle de renouer avec un mode de gestion des personnels de direction basé sur la reconnaissance de leur professionnalité et d’une véritable progression de carrière pour tous et non une gestion à coup de primes. Le Ministère ne nous a pas entendus. La gestion de nos carrières dans le corps des personnels de direction est restée dans les mêmes orientations : opacité de la gestion, mise en concurrence des personnels.
Nous avons apprécié la démarche engagée dans le cadre PPCR, notamment la réduction du nombre de classes dans notre corps et le déblocage du point d’indice. La création de l’échelon spécial est néanmoins la seule réelle avancée de rémunération et ce uniquement pour un petit nombre de personnels de direction. Nous avons regretté la faiblesse des avancées salariales pour tous, les modalités de mise en œuvre de l’accès à la hors classe et à son échelon spécial qui ne permet pas réellement une continuité de carrière pour le plus grand nombre.
Le snU.pden-FSU pense indispensable de la part du prochain Gouvernement qu’il oriente le pilotage du système éducatif sur une direction des établissements qui soit basée sur la confiance dans la professionnalité des personnels, sur la non mise en concurrence des personnels et des établissements, sur un pilotage qui abandonne le dictat des chiffres, qui retrouve une démocratie interne dans le respect des instances. Les choix politiques doivent réaffirmer le maintien des principes de recrutement des personnels d’enseignement sur concours et leur affectation sur des postes en fonction de grilles de référence et non par l’extension d’une fonction d’employeur/recruteur des personnels de direction.
La publication de vos programmes a permis de connaître vos principales orientations pour le prochain quinquennat. Pour éclairer nos adhérents et collègues, à quelques jours d’un scrutin déterminant pour l’avenir de notre pays, nous sommes certains que vous saurez apporter les réponses qui enrichiront le débat préélectoral.
Veuillez croire, Madame et Messieurs les candidat-e-s, à notre volonté d’être force de proposition pour une évolution positive du Service Public de l’Éducation Nationale auquel nous sommes profondément attachés.
Le Bureau national
Paris, le 30 mars 2017