Des États-Unis, d’Inde, de France, d’Afghanistan, d’Afrique ; noires, blanches ou "peau rouge" ; belles ou laides ; de ce siècle, du précédent ou d’encore plus loin dans le temps ; chanteuse, journaliste, guerrière, bandit, scientifique, mécène, impératrice ; toutes…elles sont culottées. Toutes, elles ont tenu tête, tenu bon, tenu la barre de leur conviction, de leur colère, de leur révolte, de leur créativité, de leur engagement. Elles sont des pionnières, de celles qui débroussaillent et ouvrent la voie aux suivantes. Donc celles qui essuient mépris masculin, violence rageuse, intimidation éhontée, railleries générales. Mais ces femmes-là ont vécu leur rêve ou leur combat jusqu’au bout, comme ces "Mariposas" (papillons) de la République dominicaine, assassinées par le régime, ou cette volcanologue emportée par sa passion…et la lave d’un furieux volcan en éruption ! D’autres ont gentiment vieilli et sont devenues des mamies militantes acharnées, vivant jusqu’au bout leur cause – comme la Montreuilloise Thérèse Clerc. Pénélope Bagieu, avec ses Culottées, offre-là aux lectrices et aux lecteurs des portraits de femmes qui figurent désormais parmi ces grands noms que les temps modernes ont trop peu retenus. Il n’y aucune raison pour que notre imaginaire ne retiennent que la formule "aux grands hommes la patrie reconnaissante" alors qu’elles sont si nombreuses, si grandes, si courageuses et audacieuses ces femmes à qui on doit tant ! Le travail de documentation est remarquable : nombreuses sont les personnalités sorties de l’oubli et dont le parcours est retracé avec joie et humour. Car oui, on rit aussi des mises en scène de la dessinatrice, qui n’oublie pas les situations cocasses ou carrément hilarantes. Mais tout n’est pas rose dans ces albums bleu (tome 1) et orange (tome 2). L’horreur nous saisit à la lecture de l’histoire de Phulan Davi, un Indienne qui a subi tout ce qu’on pouvait faire subir de plus abject à une femme. Toutes ces personnalités ont existé et toutes, sans exception, sont remarquables, par leur combat individuel, mais souvent aussi, heureusement, par leur lutte collective. Notre imaginaire se peuple de manière enfin paritaire et espérons que dans quelques temps, nos élèves, nos enfants, nous-mêmes, pourrons dire : aux culottées, la terre entière reconnaissante !
CULOTTÉES, Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent (1 et 2), Pénélope Bagieu, Gallimard Bande dessinée, 2017