Nina Faure et Pierre Carles, les deux réalisateurs de ce documentaire, reviennent de loin, puisqu’en Équateur le président Rafael Correa a fait adopter toute une série de mesures progressistes.

On revient de loin, opération Correa 2, documentaire de Nina Faure et Pierre Carles (2016)

Nina Faure et Pierre Carles, les deux réalisateurs de ce documentaire, reviennent de loin, puisqu’en Équateur le président Rafael Correa a fait adopter toute une série de mesures progressistes. Arrivant de France et donc confrontés aux politiques d’austérité qui y sont pratiquées, ils observent de l’autre côté de l’Atlantique un gouvernement qui a fait disparaître l’analphabétisation, qui rénove le service public (écoles, routes, hôpitaux), fournit une couverture sociale à toutes et tous (y compris femmes au foyer), qui ne pratique pas la chasse aux sans-papiers puisque la citoyenneté universelle y est une réalité, et mieux encore : qui prévoie de taxer les plus fortunés, à travers un impôt sur les successions, afin de mieux encore répartir les richesses. La contestation fait rage parmi les opposants qui descendent dans la rue. Tout semble fonctionner à l’inverse de ce qu’il se passe en France : le politique veut et peut, et il peut beaucoup sur le plan social et politique. Nina Faure et Pierre Carles reviennent vraiment de loin…

Aux réactionnaires de tout poil qui s’offusquent d’une meilleure répartition des richesses – alors que comme dans de trop nombreux pays dans le monde, une poignée de famille détient le capital et les moyens de production d’une nation – auxquels ne se joignent évidemment pas les réalisateurs qui n’en utilisent pas moins leur sens critique.

En effet, Rafael Correa et son gouvernement ont vraiment réduit la pauvreté en Équateur, mais le président n’accepte pas l’avortement – même en cas de viol – et s’apprête à exploiter une mine à ciel ouvert, polluante et qui déloge des populations autochtones.

De ces contradictions énormes jaillit la réflexion : à quoi doit se résoudre le pouvoir politique pour faire progresser la cause du peuple ? Doit-il renoncer à l’égalité entre les sexes ? à l’écologie ? doit-il ne se concentrer que sur les populations urbaines au détriment des campagnes ?

Le film devient alors dialectique : Nina Faure n’admet pas ces concessions, tandis que Pierre Carles semble les comprendre. Ce qui nous renvoie à notre propre positionnement en tant que spectateur : jusqu’où aller pour appliquer des politiques progressistes ? d’ailleurs, s’agit-il de renoncer à quelques convictions que ce soit ?

Bande-annonce et informations sur le film : http://www.cp-productions.fr/operation-correa-2/