DEVELOPPEMENT DES BACCALAUREATS PROFESSIONNELS EN 3 ANS :
LA LOGIQUE COMPTABLE AU DETRIMENT DE LA FORMATION !
Les raisons du bouleversement de la voie professionnelle, annoncées dans la plus grande opacité, sont révélatrices des véritables
orientations du gouvernement en matière d’Education et de Formation. Il y a bien longtemps que l’élève n’est plus au centre des
préoccupations et que les considérations pédagogiques sont reléguées au second plan. Le processus de rénovation des
enseignements généraux des BEP et des Baccalauréats professionnels est stoppé, alors que la consultation des enseignants allait
débuter. La mise en place d’un BEP des services administratifs est actuellement gelée pour mettre en place des Baccalauréats
tertiaires en 3 ans. Les décisions politiques l’emportent donc sur les longs travaux des membres et des partenaires de l’Education
pour faire évoluer les dispositifs de formation. L’orientation est claire : en remplaçant 4 années par 3, le gouvernement pourra
justifier la fermeture de nombreux postes d’enseignants titulaires en leur demandant par ailleurs, d’assurer les heures
supplémentaires qui resteront nécessaires. Quelle régression de notre système éducatif !Quelles justifications sont avancées par le
ministère ?
CAP et BEP deux diplômes de niveau V, un handicap. Cette affirmation ne repose, selon nous, sur aucun constat objectif. C’est
plutôt cette diversité qui permet à des élèves de niveaux différents de tenter d’obtenir un premier niveau de qualification
professionnelle. Les niveaux du CAP et du BEP ne sont pas les mêmes. Les contenus de l’enseignement ne sont pas identiques,
même s’ils peuvent se référer à des concepts proches.
Une expérimentation des bacs pros en 3 ans. La mise en place de quelques Baccalauréats professionnels en trois ans consistait, il y
a quelques années, en une expérimentation qui n’a pas donné les résultats qu’escomptait le Ministère de l’Education. Il suffit pour
s’en convaincre de se reporter au rapport de l’inspection générale de 2005 :
POURQUOI NOUS DEFENDONS UN CURSUS EN 4 ANS. La durée du parcours de 4 ans dans les Baccalauréats
Professionnels n’est pas un problème car beaucoup d’élèves ont besoin de ces 4 années pour obtenir ce diplôme. Pourquoi les
priver de cette possibilité ? Le ministre tente de faire croire que les insertions au niveau v sont inexistantes. C’est inexact même si
cela est très variable selon les branches professionnelles, la demande étant réelle dans l’artisanat et au niveau des petites et
moyennes entreprises. La réelle motivation est la suppression des postes d’enseignants et l’économie des moyens.
Des travaux seront engagés dans le cadre des CPC pour concevoir l’organisation et le contenu des classes de seconde (première
année du Bac pro). C’est la première fois que l’on installe une formation avant de la définir !
NON à des certifications de niveau V ! Le ministre précise que sera définie une certification de niveau V accessible aux élèves à
la fin de la deuxième année du parcours en 3ans. Cette conception ultra-libérale va dans le sens de ceux qui souhaitent
désorganiser le marché du travail et donc les rémunérations des salariés. Une certification n’est pas un diplôme. Nous
revendiquons pour les élèves la possibilité d’obtenir un diplôme reconnu sur le marché du travail.
La totalité des sections de BEP risque de disparaitre. La suppression annoncée des sections risque d’entrainer la fermeture de près
de 25% des postes. Le ministère annonce un traitement spécifique pour les BEP sanitaire et sociale car il n’est pas associé
directement à un Baccalauréat professionnel ainsi que pour les Baccalauréats « artisanats et métiers d’art ». Nous pouvons nourrir
les plus grandes craintes sur ce traitement spécifique. Si l’on ajoute la restructuration du secteur tertiaire avec le développement
des seuls Bacs pros tertiaires existants, on mesure l’ampleur du désastre.
Cette logique comptable qui correspond à des économies budgétaires importantes au niveau de l’état implique à terme des
suppressions massives de postes, de sections, de filières entières, voire même de Lycées Professionnels. Le SNUEP s’opposera à
la confusion entre les voies technologiques et professionnelles. La mobilisation s’impose.
Le SNUEP exige le maintien des sections d’enseignement du diplôme de BEP, souvent premier diplôme professionnalisant et
qualifiant de nos élèves, reconnu dans les grilles salariales et certaines branches professionnelles. Pour cette raison, nous exigeons
le maintien des Baccalauréats professionnels 2 ans, précédés par un BEP 2 ans menant à un diplôme professionnalisant et
qualifiant. La voie professionnelle a permis une massification de la scolarisation en permettant la remédiation et la remotivation
des élèves en difficulté. Or le projet du ministère de l’Education Nationale pourrait faire disparaitre tous les BEP orphelins, les LP
ruraux, les spécialités à petits effectifs, et n’envisage rien pour les élèves sortis sans qualification. A terme, c’est l’ensemble de la
voie professionnelle initiale publique qui est visée.
René PASINI secrétaire national du SNUEP transmis par Y.FAUCONNIER
Secrétaire départemental du Syndicat National Unitaire de l’Enseignement Professionnel
Pour le contacter fauconnier.françois@wanadoo.fr