Les sans-terre marchent sur DEHLI

Dans le cadre de la Marche internationale pour l’accès à la terre, des dizaines de milliers de pauvres (les dalits, « intouchables » et les Adivasis) marchent vers la capitale de l’Inde, Delhi, pour dénoncer la précarité de leur condition de vie en marge du développement économique.

Partis le 02 octobre, ce sont presque 35 000 personnes réunis dans la ville de Gwalior qui se sont lancés dans la « Marche pour la justice », la Jan Satagraha,en voulant rejoindre Delhi en 26 jours (350 km). Ils espèrent être plus de 100 000 à l’arrivée afin de réclamer une réforme agraire.

A l’origine de cette manifestation, l’organisation Ekta Parishad (« forum de l’unité » en hindi qui regroupe aujourd’hui plus de 35 organisations), qui milite pour le droit à une justice sociale pour tous les « sans » et aide les plus pauvres à s’organiser et à mener des actions collectives. C’est la deuxième marche de ce type, puisque en 2007 déjà, les paysans criblés de dettes avaient réclamés un accès à la terre. Le gouvernement avait accédé à la revendications des Adivasis, le peuple de la forêt, en publiant la "Forest Act".

Le leader d’ Ekta Parishad, Rajagopal, militant altermondialiste, a déclaré que cette lutte était une lutte pour la « dignité, la sécurité et l’identité ».

Ekta Parishad défend, outre la redistribution des terres (réforme agraire) , la réhabilitation des personnes déplacées par l’Etat lors d’acquisition des terres, la protection des droits des paysans et la promotion de l’agriculture biologique. En outre, Ekta Parishad développe l’idée qu’il est indispensable de faire la promotion du développement de l’ « humain », en renforçant tout particulièrement la voix des femmes dans la société indienne contemporaine.

Les modes d’actions d’Ekta Parishad est d’inspiration gandhienne et se base sur la désobéissance civile : luttes non violentes, grèves de la faim, manifestations et blocages des routes. L’organisation compte aujourd’hui plus d’un million d’adhérents.

Il est clair qu’aujourd’hui, des franges de plus en plus nombreuses de la population se plaignent d’être mis à l’écart du développement de la 3ème puissance économique d’Asie et d’être sacrifiée sur l’autel du libéralisme.

Des marches similaires ont lieu en Europe, notamment en Suisse, en Belgique et en France. Le 17 octobre prochain, la marche "Le Croisic-Paris" parti depuis le 02 octobre arrivera au Trocadéro pour célébrer la Journée Mondiale du refus de la misère.



Thierry Thibault