La rentrée s’est déroulée dans un contexte d’abord marqué par les terribles événements de l’été et par l’indigence des débats qui leur ont succédé. À ce sujet, la FSU tient à souligner son inquiétude et son indignation quant à la prolifération de tous les discours de repli, de stigmatisation et de haine dans la société.

Monsieur le Préfet, Madame la Vice-Présidente du Conseil Départemental, Madame la Directrice Académique

Mesdames, Messieurs,

La rentrée s’est déroulée dans un contexte d’abord marqué par les terribles événements de l’été et par l’indigence des débats qui leur ont succédé. À ce sujet, la FSU tient à souligner son inquiétude et son indignation quant à la prolifération de tous les discours de repli, de stigmatisation et de haine dans la société. La question de la sécurité a aussi dominé la rentrée. Si celle-ci relève d’un souci légitime et permanent pour les élèves, les familles et les personnels, et que ces derniers ont à cœur d’assurer dans leur quotidien professionnel, elle ne saurait être prétexte à dégrader encore leurs conditions de travail ou à leur confier des rôles et des tâches qui ne sont pas les leurs, ni des missions qui ne relèvent pas de leur responsabilité. Il importe, en outre, de ne pas dégrader la situation en développant des discours ou des mesures sans autre effet que de créer un climat anxiogène. Au-delà de la nécessaire défense des valeurs et des principes d’égalité, de liberté, de laïcité, de solidarité qui forgent l’école, au-delà de positions parfois salutaires qui ont pu être prises par la ministre dans le débat public, il importe plus que jamais d’écouter les personnels, de reconnaître en actes leur professionnalisme et leurs qualifications, de leur donner les moyens de remplir leurs missions.

Le contexte est compliqué pour l’École avec les menaces bien réelles qui pèsent sur la sécurité dans et aux abords des écoles et établissements scolaires. Nous dénonçons une communication pesante sur les risques d’intrusion, qui risque de tourner à la prophétie auto-réalisatrice. Sur ce point, nous demandons que la responsabilité de chaque partenaire de l’école – État, collectivités locales, école ou établissement – soit bien clarifiée et qu’une réelle formation avec des professionnels soit proposée. L’annonce par le 1er ministre de la probable prorogation de l’État d’Urgence ne va pas contribuer à calmer les esprits et à apaiser les relations avec les familles.

Il faut accélérer les créations de postes dans tous les métiers de l’Éducation, enseignants et CPE bien entendu, mais aussi conseiller-e-s d’orientation, assistant-e-s sociales-aux, infirmièr-e-s surveillant-e-s … Il faut également accepter de mener les nécessaires confrontations critiques à propos de ce qui n’a pas été fait ou de ce qui a été mal fait : la réforme des rythmes scolaires ou celle du collège n’en sont que deux exemples, ô combien éloquents. Citons également le blocage des discussions sur la circulaire mission des assistants sociaux.

Il nous faut également rappeler à une époque où les discours médiatisés attaquent les fonctionnaires et les fonctions publiques en les abaissant au simple niveau de coûts budgétaires par essence superfétatoire que c’est avec un énorme sens du dévouement et un grand professionnalisme que les pompiers, les médecins, infirmiers-ières, secouristes et autres fonctionnaires ont assisté les victimes des attentats. C’est avec doigtés et tact que les enseignants ont accueilli leurs élèves abasourdis par ces actes. Nous ne sommes pas un coût, mais bien au contraire une richesse pour la nation, nous produisons des services publics qui ont vocation à réduire les inégalités par une politique de redistribution. Notre engagement prépare l’avenir et doit être défendu.


Cette rentrée marque la dernière étape de la loi de refondation de l’école.

Dans le premier degré, malgré une dotation positive de 219 postes pour 1 556 élèves supplémentaires à cette rentrée scolaire, les conditions d’exercice et d’enseignement ne sont toujours pas améliorées. Les postes créés ont en grande partie servi à répondre à la croissance démographique.

Par ailleurs, les conditions de travail des collègues continuent de se dégrader dans notre département. Tous les collègues, quelle que soit leur mission, adjoint-e-s, directrices/directeurs d’école, enseignants référents, CPC, maîtres formateurs, enseignants spécialisés… évoquent une charge de travail qui ne cesse de s’alourdir avec sans cesse de nouvelles tâches à accomplir. Le manque de temps, de formation et d’accompagnement, les classes surchargées, la gestion d’élèves à profil particulier, le trop grand nombre d’élèves par classe, la suppression des postes d’ATSEMS, les injonctions des IEN, les iniquités de traitement d’une circonscription à l’autre sont cités comme autant de difficultés pour exercer sereinement son métier. De plus, à cette rentrée, les prescriptions émanant de l’institution sont particulièrement nombreuses et chronophages : mise en œuvre des nouveaux programmes, des nouveaux parcours, des nouveaux cycles, sans temps dédié à ce travail.

Que dire du cycle 3, qui nécessite des moments de concertation élargis et inter-degrés sans que du temps soit prévu ? Ou encore du Livret scolaire unique numérique ou des mesures « attentat-sécurité… ». La liste est longue, entre les obligations liées au travail pédagogique, aux liens avec d’autres professionnels et aux nouvelles demandes de l’institution.


Dans le second degré, nous vivons cette année une rentrée très difficile loin de l’apaisement déclamé.

En effet, la réalité vécue dans les collèges et les lycées du Val d’Oise ne correspond pas à l’ambition affichée par le Président de la République de faire de l’Éducation sa priorité.

Dès juin dernier, les difficultés de cette rentrée apparaissaient déjà dans les établissements.

Certains avaient tiré le signal d’alarme et menaçaient de ne pas faire la rentrée avec de tels effectifs.

C’est ainsi que les professeurs du lycée Cassin de Gonesse ont décidé dès le jour de la pré-rentrée de ne pas assurer la rentrée en raison des effectifs à 36 en STMG, certainement une des conséquences de la suppression du redoublement. Il aura fallu deux semaines de grève, deux audiences à la DSDEN, l’intervention du SNES-FSU auprès du cabinet de la ministre, le soutien des parents d’élèves, du député Maire de la commune, pour qu’enfin les élèves et les professeurs puissent obtenir satisfaction et entamer leur année scolaire.

Les effectifs explosent également en collège avec des classes qui se généralisent entre 28 et 30 élèves (parfois même 31…) et les REP ou REP+ n’y échappent pas. Cette augmentation est une des conséquences majeures de la réforme du collège, dans la mesure où les 2h45 de marge ont été financées par la disparition du seuil. L’augmentation des effectifs n’a pas été suivie de créations de postes d’AED ou de CPE à la hauteur des besoins, aujourd’hui les équipes de vie scolaire sont à flux tendus comme les collègues du lycée Georges Sand de Domont vous l’ont rappelé lors d’une audience avant les vacances de la Toussaint.

Que penser des choix faits par l’institution qui nous ont amené à la catastrophe cette rentrée notamment en mathématiques, en sciences physiques, en technologie.

À la fin du mouvement intra de juin, 190 postes de mathématiques sont restés vacants sur l’académie dont 135 sur le Val d’Oise sans compter les contractuels doctorants et tous les collègues qui, affectés, ne se sont pas présentés. Quand on sait que 67 % de ces postes vacants le sont dans les établissements de l’éducation prioritaire, on peut se douter des choix idéologiques qui ont prévalu (22 Sarcelles ou 19 Argenteuil).

Comment parler alors de rentrée apaisée et de moyens à la hauteur des enjeux pédagogiques ?

Dans les collèges, la mise en place de la Réforme 2016 à laquelle la majorité des collègues reste opposée ne va pas sans poser de problèmes. Des disciplines sont en danger : l’allemand, les langues anciennes… De nombreux collègues d’allemand ont vu leur service diminuer et doivent exercer dans 2 ou 3 établissements avec parfois un complément de service proposé dans le 1er degré. Pour les lettres classiques, la part des langues anciennes dans les services est au minimum, le latin est en danger !

Avec la LV2 en classe de 5e et les sciences physiques en 6e installées par la réforme du collège, il y a un manque cruel d’enseignants dans ces disciplines déjà très tendues. La situation est tellement grave que le Rectorat de Versailles tente de recruter des professeurs d’espagnol par l’intermédiaire de l’Ambassade de France en Espagne et de l’Ambassade d’Uruguay en France. Inédit !

Les EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires) et l’AP (Accompagnement « personnalisé »), qui devaient être les mesures phares de la réforme, sont mis en place à minima le plus souvent et de manière très inégale dans le département, créant de nombreux dysfonctionnements.

Le nouveau Diplôme National du Brevet dont les contours ne sont pas encore précisés et met à mal les disciplines, le nouveau livret LSUN (Livret scolaire unique numérique) sont complexes et vont accroître encore plus la charge de travail des personnels sans pour autant faire sens.

Le SNES-FSU continue de demander une autre réforme pour le collège, visant une culture commune de qualité pour tous les élèves et la poursuite des études en lycées. Cette réforme devra s’appuyer sur une véritable formation des enseignants qui leur permette de diversifier les situations pédagogiques, sur des programmes plus cohérents, sur des conditions de travail (temps de concertation, petits groupes avec les élèves) compatibles avec l’objectif de faire réussir tous les élèves.

Dans les lycées, la pression démographique, conjuguée à des dotations horaires globales étriquées a entraîné la constitution de classes surchargées. Des élèves sont restés plusieurs semaines sans affectation, notamment des doublants de terminale, et des élèves de 1ère, surtout dans les séries technologiques. Par ailleurs, les DGH n’ont pas été à la hauteur des besoins du fait de l’augmentation du nombre d’élèves due à la montée démographique, à la fluidification des parcours, à l’accueil des doublants, etc. Les résultats sont l’inflation des effectifs et une étape supplémentaire dans la dégradation des conditions de travail.

En 1re, par exemple, nombre d’élèves n’ont pas pu être orientés dans des séries faisant pour eux sens ; le manque de place en séries technologiques et la volonté de ne pas en créer font qu’ils se trouvent en difficultés d’autant plus grandes que les effectifs trop chargés ne nous permettent pas de les soutenir correctement.

On peut également s’étonner des propos de la ministre sur une nouvelle réforme du lycée alors que la précédente n’a pas été évaluée officiellement. Oui la réforme Châtel, ne correspond pas à ce que défendent et revendiquent les syndicats de la FSU pour le lycée. Un bilan qui n’est peut-être pas rendu public, car tout simplement il met en avant les dysfonctionnements de celle-ci alors même que les grandes lignes de cette réforme ont servi de base pour la réforme du collège.

L’annonce faite par Mme Najat Vallaud-Belkacem, le 18 octobre, de réactiver les remplacements de courte durée dans le cadre du décret de Robien de 2005 (jusqu’à 5 heures en plus par semaine, dans la limite de 60h par an !) ne peut qu’accentuer la charge de travail des enseignants au détriment d’un enseignement de qualité et de l’attractivité de nos métiers.


La FSU rappelle que la lutte contre les inégalités scolaires est une de ses premières préoccupations. Elle insiste sur la nécessité de poursuivre une politique volontariste en la matière.

Le rapport du CNESCO paru le 27 septembre dresse des constats accablants pour le système éducatif français. Ceux-ci sont interprétés notamment dans la presse, comme une condamnation de l’éducation prioritaire jugée inefficace alors qu’il pointe l’amplification des inégalités sociales et migratoires. Certaines de ces interprétations ne sont qu’injustice pour le travail effectué dans des conditions souvent difficiles dans les secteurs de l’Éducation Prioritaire.

Pour la FSU qui milite depuis de nombreuses années pour que l’école combatte les inégalités, ce rapport conforte l’exigence d’un investissement conséquent et durable à l’image des autres pays européens (ce que dit aussi le dernier rapport de l’OCDE ou celui de France Stratégie.)

Oui, il faut scolariser tous les élèves de moins de 3 ans dans les zones défavorisées, alléger significativement les effectifs des classes, augmenter le plus de maîtres, développer les RASED, permettre aux enseignants de mieux se former et de mieux travailler ensemble et mettre en œuvre une vraie politique de mixité sociale.

Le rapport pointe aussi l’insuffisance des politiques de prévention et l’empilement de réformes qui déstabilisent l’école. C’est notamment le cas dans les réseaux d’éducation prioritaires, qui ont particulièrement besoin de constance et de sérénité pour travailler.

Des analyses récentes (France Stratégies, Regards sur l’Éducation de l’OCDE) montrent également que l’investissement budgétaire dans le 1er degré en France est inférieur de 15% à la moyenne de l’OCDE, de 28 % si l’on compare avec les 11 pays du panel de France Stratégies d’un niveau économique identique à celui de la France.

À l’occasion de la refonte de la carte de l’Éducation Prioritaire, le Ministère de l’Éducation nationale, suite aux mobilisations des personnels, avait pris l’engagement de construire une nouvelle carte des lycées de l’Éducation Prioritaire sur la base de critères transparents. Cet engagement, pris en 2015, n’a jamais été suivi d’effets.

La sortie des lycées de l’Éducation Prioritaire aggraverait les inégalités, et dégraderait considérablement les conditions d’études et d’enseignement des élèves et des personnels. Les difficultés économiques et sociales ne s’arrêtent pas au collège. Dans un contexte de crise économique qui perdure, l’école doit être l’instrument privilégié de lutte contre les inégalités à tous les niveaux.

Le SNES-FSU revendique :

– une carte élargie des lycées en Éducation Prioritaire qui parte des besoins du terrain et qui donne lieu à une dotation horaire spécifique, permettant notamment une diminution significative du nombre d’élèves par classe,

– un renforcement des équipes pluriprofessionnelles,

– l’attribution pour les personnels de l’indemnité REP et le maintien des droits aux bonifications de carrière (hors-classe, classe exceptionnelle) et aux bonifications pour mutations.

Les lycées anciennement classés seront en grève le 17 novembre.

C’est nous qui sommes en première ligne face aux élèves, à leurs difficultés, à leurs espoirs, mais c’est l’administration qui ne nous donne pas les moyens de remplir avec efficacité notre mission de service public.

De la confiance, du temps, des moyens, c’est ce que revendique la FSU


Qu’il s’agisse du premier degré ou du second degré, de l’Enseignement Général, Technologique ou Professionnel, la situation est extrêmement dégradée dans nos écoles et EPLE. Les moyens mobilisés pour effectuer cette rentrée ont été insuffisants, les équipes souffrent. La FSU demande que des moyens permettant aux équipes présentes sur le terrain de travailler dans de bonnes conditions soient débloqués. Elle demande la mise en place d’une véritable revalorisation de nos professions. Il est plus que temps d’améliorer l’attractivité de nos métiers.

La crise du recrutement en particulier dans notre académie pose clairement la question de l’attractivité de notre métier. Les postes ainsi perdus ont conduit au recours massif à des contractuel-les. Or, on ne peut décemment imaginer que c’est la solution à retenir. Ce serait méconnaître la complexité croissante du métier d’enseignant et faire fi des conditions d’apprentissage des élèves. C’est aussi mettre ces collègues dans des situations difficiles auxquelles ils n’ont pas été préparés. L’école, et c’est bien le moins, fait l’objet d’attentes des familles. Il convient de donner les moyens d’y répondre sérieusement. Le recrutement de personnels contractuels entretient l’illusion de la pérennité d’un service public de qualité, mais ne leurre personne. Le métier d’enseignant est un métier qui s’apprend.

Il est grand temps de procéder à des pré-recrutements pour pourvoir tous les postes mis au concours qui ne suffisent pas à répondre à la poussée démographique que connaissent nos écoles et EPLE

Pour finir, nous tenons à remercier nos collègues des services de la DSDEN et de la Préfecture, c’est bien du fait de la qualité de leur travail que cette instance peut se tenir.

Mesdames, messieurs, je vous remercie de votre attention.