L’Humeur vagabonde, c’est d’abord une voix qui ensorcelle… Celle de Kathleen Evin, qui nous enrobe pour nous mener sur les chemins de traverse de la culture, comme on vagabonderait dans un pays idéal, comme une humeur partageuse et généreuse en émotions. Depuis 2001, la formidable journaliste pouvait égayer nos dîners puisque son émission était diffusée à 20h. Mais depuis la rentrée 2016, elle éclaire nos dimanches, dès 14h. Faire passer cette émission – d’une richesse culturelle sans pareil sur France Inter – d’un rythme quotidien à hebdomadaire fait partie des injustices de la direction. Daniel Mermet et sa trépidante émission politique Là bas si j’y suis en avait également fait les frais.
Reste que Kathleen Evin choisit ses invités avec un éclectisme admirable : de l’écrivaine Annie Ernaux (4/04/2016) au metteur en scène Alain Françon (8/01/2017), en passant par le boulanger Christophe Vasseur (4/12/2016), ou encore les collégiens du film Swagger (20/12/2016), toutes les disciplines et tous les rêveurs sont convoqués et conquis.
Ses introductions, longues et écrites avec soin, présentent avec lucidité et intelligence les sujets du jour, sur un arrière-plan musical qui participe du charme de l’émission. Puis, la journaliste alimente un dialogue serré avec l’invité-e. Ses questions sont autant de mises en lumière délicates du sujet. Des citations de l’œuvre ou des extraits audios agrémentent l’émission.
Enfin, Elsa Daynac termine L’Humeur par un reportage qui entre en écho avec la thématique du jour. Il s’agit toujours de sortir du studio pour tendre le micro à celles et ceux dont l’existence même est traversée par les préoccupations des invité-e-s.
L’Humeur vagabonde, c’est une bouffée d’oxygène poétique dans un monde souvent morose. Mais c’est aussi la passion de la culture et des mots qui permettent de dire cette culture… À écouter avec gourmandise et espoir !