La stratégie du choc
Après la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur et avec celles de la formation professionnelle, du bac et du lycée qui s’annoncent, la vague de fond risque fort de se transformer en tsunami et d’effacer les repères qui structurent l’enseignement secondaire. Premier grade universitaire et diplôme national, le baccalauréat constitue l’horizon commun pour plus de 90 % des jeunes de dix-sept ans.
Il revêt non seulement une dimension essentielle de l’ordre du rite de passage dans l’imaginaire collectif, transformant les lycéens en étudiants, mais surtout constitue la clé de voûte du système éducatif, pilotant largement l’organisation des enseignements du lycée.
Trop lourd, trop cher, voire inutile, le baccalauréat est accusé de tous les maux et devrait donc être simplifié, « musclé » – comme d’autres voulaient « dégraisser »…
Fort de cet objectif, le ministre de l’Éducation nationale a lancé le chantier de la réforme du baccalauréat, très vite étendue à celle du lycée. Le rapport de la mission confiée à Pierre Mathiot, ancien directeur de Sciences Po Lille, doit être rendu fin janvier 2018 pour éclairer un projet ministériel dévoilé au printemps. La classe de Seconde serait en partie réformée à la rentrée prochaine, celles de Première et de
Terminale les rentrées suivantes, pour une première session du nouveau bac en 2021. Aux consultations va succéder en théorie une concertation mais la réflexion est largement verrouillée par le programme présidentiel des quatre épreuves terminales associées au contrôle continu et articulé à des parcours individualisés. Que penser d’un projet qui réduit l’objectif politique d’élévation générale des qualifications à des considérations bureaucratiques sur le nombre d’épreuves ?
Au fil des semaines, il se dégage les contours d’un projet qui en rabat sur les ambitions et envisage de réduire l’offre d’enseignement sous couvert de
l’individualisation des parcours. Pourtant, de nombreuses autres pistes de réformes, bien plus pertinentes, seraient possibles, portant sur la nature des épreuves, leur durée, leur coefficient, leur adaptation aux séries, etc. Mais cela demanderait du temps pour une réflexion approfondie. Le calendrier précipité comme la méthode de discussion sont d’autant moins acceptables que les enjeux dépassent largement le seul cadre éducatif. Le SNES-FSU porte un autre projet pour le baccalauréat et le lycée. L’heure est venue de le faire valoir !